Sentir le botch, mais s’en foutre

Ouais, j’ai oublié de mentionner que j’avais juste pu me louer une chambre sur un étage fumeur. La plupart de la ville de Tokyo est un espace non fumeur sur les rues, mais il existe encore des hôtels où l’on peut se donner à coeur joie dans le plaisir d’emboucaner sa chambre (et de conférer un fumet distintif à celle de nos voisins). Dans les magasins et dans les trains à grande vitesse, il y a parfois de microscopiques fumoirs (imaginez un garde-robe aux portes de verre où vous pouvez être deux… voilà, c’est pas mal ça, mais avec un turbo système de ventilation.

Bref, le Japon est un pays de contrastes où quelques restaurants ont encore des sections où l’on peut fumer (sections qui ne sont séparées par aucun mur ou paravent), où des chambres d’hôtel retiennent la senteur de milliers d’atroces mégots, où des bébés braillent parce que leur papa leur fume â quelques centimètres de la face, mais où il est interdit de boucaner en plein jour, sur le trottoir, en attendant son feu de circulation. C’est à n’y rien comprendre!

Bref, ma chambre puait, mais c’était un moindre mal. J’ai pris mon déjeuner (inclus dans le prix de la chambre) et j’ai ramassé mon paquetage. Y a pas à dire: de jour, Akihabara, ça a l’air de presque rien. Je me suis donc dirigé vers la station. J’ai tout de suite remarqué la présence tranquille d’à peu près 600 personnes entassées dans un enclos fait de cônes de construction reliés par des tiges de métal. Est-ce que c’était un groupe organisé? Est-ce qu’ils attendaient leur arrestation? De kossé? J’ai figuré qu’ils attendaient l’ouverture du magasin Sega. Le pire, c’est que je crois que c’était comme ça tous les matins: il ne devait probablement pas y avoir d’occasion spéciale, comme un lancement de jeu ou une vente de feu, juste une foule venue scéner dans le magasin ou avoir accès aux machines d’arcades avant de se les faire « voler » par d’autres joueurs endurcis.

Donc, direction station de train. Je me suis souvenu que mon beau-papa m’avait donné une carte Pasmo (mon ami Maxime venait justement de me parler du fait que cette carte-là était magique) à peu près comme notre OPUS, mais avec la possibilité de s’en servir dans des machines distributrices et dans la plupart des réseaux de transport du pays, sauf le Shinkansen (train en forme d’obus pouvant atteindre des vitesses de pointe de plus de 320 kilomètres à l’heure.) Justement, c’est là où je me dirigeais. J’ai rempli ma Pasmo avec 3000 yens (on peut y rajouter facilement l’argent qu’on veut dans les bornes de recharges un peu partout) et j’ai scanné ma carte pour entrer dans le réseau de transport. Arrivé à la toujours tranquille Tokyo Station (sérieux, c’est un endroit qui mettrait une fourmillière mal à l’aise) je me suis dirigé vers le comptoir des billets Shinkansen. La gentille demoiselle qui parlait un anglais très minimal me fait un dessin sur un bout de papier. « Very, very busy today. » Elle m’écrit les heures des prochains trains avec des petits X à côté des trois premières et un petit O près de celui de 11:20. Les Japonais sont très forts sur les X (batsu) et les O (maru), c’est dans leur éducation dès le plus jeune âge. Tu veux traverser la rue n’importe où? Répète après moi: BATSU! Tu vois le passage à piétons? Oui, MARU! Bref, c’est un conditionnement qui arrive très tôt. J’ai acheté mon billet et je m’étais préparé. Il faut prendre un siège réservé (shitei seki, si c’est very very busy) sinon on peut passer une partie du voyage debout. Quatre heures, c’est long…

Vous permet de vous déplacer au sol à plus de 300 km/h

Le billet magique!

Et là, je pense qu’elle a lu dans mes pensées: j’avais quelques cartes dans les mains et elle a vu que j’avais ma Pasmo. Gentiment, elle me l’a prise et l’a passée dans sa machine. Elle venait de fermer mon premier transfert sur le train de la ville, parce qu’ici, on passe sa carte à l’entrée ainsi qu’à la sortie, où la longueur du voyage est calculée. Comme je n’allais pas me servir de ma Pasmo, mais bien de mon billet en papier pour entrer dans le réseau Shinkansen, il fallait qu’elle me fasse « sortir » du réseau local. Merci, demoiselle allumée! J’aurais pas voulu expliquer en mimant au prochain agent de train, à l’autre bout du pays, pourquoi ma carte pensait que j’étais toujours dans le métro de Tokyo…

J’ai attendu un brin pour le bon train et je suis monté à bord du Nozomi, la plus rapide des liaisons vers l’ouest du Japon. Nozomi veut dire « souhait » ou « espoir ». Ils ont de beaux noms poétiques, les trains d’ici. Sur la même ligne, il y a aussi le Kodama « Écho » qui s’arrête à toutes les stations et le Hikari « Rayon de lumière » qui fait moins d’arrêts.

Arrivé à bon port, j’ai finalement rejoint mon meilleur ami qui m’attendait aux barrières de paiement (ne pas oublier de garder son billet, n’est-ce pas?) où on s’est vigoureusement donné une accolade. Eric voulait tout d’abord me montrer la statue du capitaine Harlock/Albator, ce qui a été une belle occasion d’immortaliser l’événement.

Albator, le pirate le plus métrosexuel d'entre tous.

Ceci est la légende de la photo où figurent trois légendes

Nous avons ensuite visité le château de Kokura, tout près du lieu où Miyamoto Musashi aurait battu son grand rival Sasaki Kojirō en lui câlissant un coup de rame dans les côtes (interprétation libre de la légende). On a fait un peu le tour de la gare et on s’est ensuite dirigé vers les trains locaux pour arriver chez Eric, quelques stations plus loin, à Fukutsu. Je vais profiter de son hospitalité pour quelques jours encore avant de me mettre en route.

Le château de Kokura

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